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L’Extrême Gauche en France Aujourd’hui : Une Réalité à Déconstruire

En France, le terme « extrême gauche » est souvent utilisé de manière incorrecte et alarmiste dans le débat politique. Cependant, une analyse objective montre que l’extrême gauche, telle qu’elle existait il y a plusieurs décennies, est aujourd’hui une position politique extrêmement minoritaire en France.

Ce terme est souvent employé pour créer de la peur et de la confusion, mais il ne correspond plus à la réalité politique actuelle.

Une Marginalisation Historique

Depuis plus de 50 ans, les partis traditionnellement classés à l’extrême gauche, comme Lutte Ouvrière (LO) et, dans une certaine mesure, le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA, ex-LCR), ont perdu leur influence.

Chiffres et Baisse Chronique

Depuis les années 60 et 70, l’extrême gauche a connu une baisse chronique de son influence électorale.

Illustration « Paysage politique français et champ sémantique » – Réalisée avec Midjourney, par Camille Muzard.

À cette époque, des figures comme Alain Krivine et des mouvements étudiants avaient encore une certaine visibilité et influence, notamment lors des événements de Mai 68.

Cependant, cette influence n’a cessé de diminuer au fil des décennies. Un facteur clé de cette diminution a été l’adoption du Programme commun en 1972 par le Parti Socialiste et le Parti Communiste Français, qui a absorbé une grande partie de l’électorat de l’extrême gauche.

Les scores électoraux des partis d’extrême gauche sont restés extrêmement bas, atteignant en médiane 1 % des voix.
Par exemple, lors de l’élection présidentielle de 1969, Alain Krivine, candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), a obtenu seulement 1,1 % des voix.

Les résultats électoraux des années suivantes ont continué de refléter cette marginalisation progressive, démontrant que les idées révolutionnaires et anticapitalistes n’ont plus le même écho auprès de l’électorat français contemporain.

Prônant des idées révolutionnaires et anticapitalistes, ces partis n’ont pas franchi la barre des 2 % depuis 1968, à l’exception d’Arlette Laguiller ou encore d’Olivier Besancenot (LCR) en 2002 qui obtient 4,25 % des voix dans le scrutin particulier d’avril 2002. Ces derniers méritent une analyse distincte, en raison de la confusion fréquente entre le vote pour leur personne et le soutien à leur parti.

Cet ensemble illustre la marginalisation de l’extrême gauche dans le paysage politique français.

Arlette Laguiller

Figure emblématique de Lutte Ouvrière, Arlette Laguiller a réussi à attirer un électorat bien au-delà de la base traditionnelle de l’extrême gauche.

Son charisme, sa constance et sa capacité à incarner la lutte contre les injustices sociales ont séduit de nombreux électeurs qui ne se reconnaissaient pas nécessairement dans le programme révolutionnaire de LO.

Ce phénomène a souvent conduit à une confusion entre le soutien à sa personne et l’adhésion aux idées du parti.

En réalité, beaucoup de ses votes étaient davantage des expressions de protestation contre le système en place ou des marques de sympathie personnelle.

Ainsi, son succès électoral ne peut pas complètement être considéré comme un indicateur de la popularité de l’extrême gauche, mais plutôt comme un cas unique où la personnalité politique a transcendé les frontières idéologiques de son propre parti.

Olivier Besancenot

Figure de proue de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), Olivier Besancenot a su séduire un électorat bien au-delà de l’extrême gauche grâce à son image de facteur « non politique » et accessible.

Lors de l’élection présidentielle de 2002, le vote pour Besancenot a capitalisé sur une situation politique particulière où une grande partie de l’électorat pensait que Lionel Jospin, alors Premier ministre et candidat socialiste, serait facilement au second tour. Beaucoup d’électeurs, souhaitant envoyer un signal envers les partis traditionnels sans risquer de compromettre l’issue du second tour, ont vu en Besancenot une opportunité d’envoyer un signal fort au premier tour, tout en prévoyant de voter pour Jospin au second tour.

Ce calcul s’est avéré erroné, car Jospin a été éliminé dès le premier tour, laissant le champ libre à un duel entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen. La performance de Besancenot, avec 4,25 % des voix, reflète davantage un vote de protestation et de sympathie personnelle qu’un véritable soutien aux idées de l’extrême gauche, montrant ainsi comment sa personnalité a transcendé les frontières idéologiques de son parti.

La Réalité des Partis de Gauche

Les partis composant l’alliance de la NUPES ou du NFP comprennent : le Parti Socialiste (PS), Europe Écologie Les Verts (EELV), La France Insoumise (LFI), et le Parti Communiste Français (PCF).

Ces partis sont souvent qualifiés à tort d’extrême gauche.

En réalité, ces partis se situent dans le spectre allant de la gauche traditionnelle à la gauche radicale, et non de l’extrême gauche.

Leurs programmes politiques, bien que progressistes et parfois radicaux, restent dans le cadre démocratique et républicain.

La France Insoumise

La France Insoumise (LFI) est souvent stigmatisée comme étant d’extrême gauche. Cependant, les politologues et historiens s’accordent pour dire que LFI propose des réformes sociales et économiques ambitieuses, mais parfaitement compatibles avec les principes républicains. LFI prône des politiques de justice sociale, d’écologie et de démocratie participative, loin des idéaux révolutionnaires de l’extrême gauche.

Le Programme Commun de 1981

Il est intéressant de noter que le Programme commun de la gauche, adopté par François Mitterrand en 1981, était plus à gauche que les programmes actuels de ces partis, et pourtant, il n’a jamais été qualifié d’extrême gauche. Ce programme incluait des nationalisations et des réformes sociales majeures, mais restait dans le cadre démocratique, tout comme les propositions actuelles de LFI, EELV, PCF, et le PS d’aujourd’hui.

L’Ascension de l’Extrême Droite

A contrario, l’extrême droite, représentée par des partis comme le Rassemblement National (RN) et Reconquête, et d’une certaine façon LR avec Eric Ciotti, a un poids bien réel et croissant en France. Le RN, dirigé par Jordan Bardella, a obtenu des résultats significatifs aux élections européennes de 2024, renforçant sa présence dans le paysage politique.

Ces partis exploitent les peurs qui dans l’imaginaire sont liées à l’immigration, la sécurité et l’identité nationale, attirant un électorat de plus en plus large.

Conclusion

L’utilisation du terme « extrême gauche » pour désigner les partis de gauche actuelle en France est non seulement incorrecte, mais aussi une stratégie délibérée pour instiller la peur.

La réalité est que l’extrême gauche, telle qu’on l’entendait autrefois, n’existe plus en France depuis des décennies.

Les partis de gauche actuels sont ancrés dans le cadre démocratique et républicain, tandis que l’extrême droite représente une menace tangible pour la démocratie française.

Sources

La situation propre à Arlette Laguiller peut être davantage approfondie, notamment avec cette vidéo : Les Portraits – Arlette Laguiller – BLAST.

Celle d’Olivier Besancenot peut l’être avec cette vidéo : USUL – Olivier Besancenot.

Photographe - Pilote de drone